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Humour

Sous pression : Louis Morissette ou comment se relever après une violente chute

Pour la première fois de sa carrière, à 50 ans, Louis Morissette a décidé d'attaquer la scène en solo. À sa sortie de l'École nationale de l'humour, il avait fait partie d'un trio, puis il a sillonné les routes du Québec avec sa belle Véro il y a une dizaine d'années, mais jamais le public n'avait pu voir ce dont il était capable seul en scène. Force est de constater que Louis Morissette n'a pas besoin d'adjuvants pour briller en humour.

Avec Sous pression, Louis se raconte avec intégrité et vulnérabilité. Son spectacle vacille entre stand-up et conférence. Il raconte les hauts et les bas de sa vie et de sa carrière, prenant comme point d'ancrage son enfance à Drummondville. À travers une ligne du temps dynamique, il revient sur des moments marquants, à commencer par sa rencontre avec une certaine Véronique Cloutier, qui, l'apprendra-t-il à son avantage, « change des wannabe en vedette ». Les nombreuses couvertures de magazines parlant de lui comme du mystérieux « chum » de la grande Véro sont aussi drôles que sa description du premier souper chez les Cloutier, alors qu'il était assis face à José Théodore.

Même si elle n'est pas sur scène avec lui, Véro est très présente dans le spectacle de Louis. Trop? C'est discutable. On comprend qu'elle a joué un rôle clé dans son parcours, tant professionnel que personnel, mais aurait-elle pu être davantage en filigrane? Certainement. Cela dit, bien que nombreuses, les blagues de couple sont efficaces et comme le public connaît et apprécie sa douce, l'effet comique est décuplé. On comprend pourquoi il a choisi cette avenue.

Louis Morissette aborde ses échecs professionnels de front, sans tabou, et avec le ton caustique qui le caractérise. Il reviendra notamment sur son renvoi de TVA après le sketch sur Pierre Karl Péladeau et Julie Snyder au Bye Bye 2003, puis le fiasco de l'émission V.I.P. chez Radio-Canada, et évidemment, le désastre du Bye Bye 2008. Il arrive à parler de ses ratages avec humilité et autodérision, toujours en utilisant son support visuel à profit. D'ailleurs, un montage du point de presse de janvier 2009 prouve sa volonté de laisser son ego au vestiaire.

Cet extrait n'est pas le seul moment où la « version Wish de Patrick Huard » (ses mots, pas les nôtres 🤷‍♀️) fait preuve d'une grande transparence. L'entrepreneur abordera sa relation toxique avec le travail et les problèmes que son workaholisme a entraînés dans sa vie d'adulte. Louis adressera sa peur de vieillir, même si sa blonde lui répète que c'est beau un homme qui vieillit, en prenant comme exemple George Clooney.

Les filles, arrêtez avec ça, c'est pas vieillir qui est beau, c'est George Clooney.

Il conclut son premier one-man-show avec une anecdote sur la luxation de son épaule et comment, une fois, Véro a dû l'aider à la remettre en place au milieu de la nuit alors qu'il éprouvait quelques soucis intestinaux. Nous aurions préféré que Louis termine son spectacle sur autre chose qu'un gag scatologique, mais force est d'admettre qu'il était difficile d'exprimer davantage sa vulnérabilité qu'à travers cette audacieuse confidence.

Louis Morissette a définitivement le talent nécessaire pour s'accomplir seul sur scène. Sous pression était peut-être son premier one-man-show, mais on espère sincèrement qu'il ne sera pas le dernier! Et qui sait peut-être qu'un jour les rôles seront inversés et qu'il assurera la première partie de son fils Justin, qui s'occupe actuellement de réchauffer la foule pour son papa. Qui sait...

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