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Critique

Les yeux fermés : Magalie Lépine-Blondeau en quête de preuves

Une scène de la série Les yeux fermés

Un drame survenu en 1994 dont les cicatrices sont encore béantes près de 30 ans plus tard, une famille déchirée et une femme (une Magalie Lépine-Blondeau en grande forme) au coeur de l’affaire, toujours sur le qui-vive parce qu’en quête de réponses : voilà comment tient en une (longue) phrase l’histoire du nouveau drame psychologique Les yeux fermés, maintenant disponible sur ICI Tou.tv Extra.

Derrière ce très bon mystère envoûtant duquel on voudra nécessairement aller jusqu’au bout (un projet facilement concrétisable en une soirée, puisque Les yeux fermés ne compte que six épisodes d’une heure, comme Les bombes), produit par Aetios, un duo de femmes fignolant ici pour la première fois « leur » série, l’auteure Anita Rowan et la réalisatrice Jeanne Leblanc. La première vit son baptême d’écriture en solo après avoir cosigné une flopée d’épisodes de O’, Au secours de Béatrice, Chaos et autres. La seconde a fait sa marque au cinéma avec Isla Blanca et l’excellent Les nôtres, notamment, en plus d’avoir dirigé le plateau de 5e rang. L’union de ces deux talents en pleine ascension s’avère heureuse à tous points de vue, et on espère les voir récidiver.

Dans Les yeux fermés, on se promène donc entre 1994 et aujourd’hui. La portion du passé s’ouvre alors que la petite Élise Dénommé (Laurence Ménard) apprend la mort de son grand frère Simon (Léokim Beaumier-Lépine) de la bouche d’une maman, Lorraine (Anie Pascale), complètement hystérique. Retrouvé noyé, l’adolescent se serait suicidé, présume-t-on. Simon, à qui on ne soupçonnait aucun squelette dans le placard, était pourtant un ado comme les autres, secrètement rebelle, qui fumait, buvait et découvrait l’anatomie féminine (dont celle de Pamela Anderson dans Alerte à Malibu) sur papier glacé en cachette. Bien sûr que le contexte de 1994 des Yeux fermés laisse place à des références savoureuses de l’époque, comme des airs musicaux; on y entend entre autres « Le train », de Vilain Pingouin, et « Runaway Train », de Soul Asylum.

Revenus au présent, les morceaux du casse-tête de la disparition du garçon se mettent en place… lentement! On comprend que le clan Dénommé vacillait au moment du drame. Une crise de couple entre Lorraine et son mari malheureux, Denis (Patrice Dubois) et une gaffe enfantine d’Élise auraient, de l’avis d’une Lorraine encore amère, mené au décès du fils bien-aimé. Marinant dans leurs douloureux souvenirs depuis trois décennies, vivant toujours ensemble dans la maison familiale, la chambre de Simon encore intacte, Élise (Magalie Lépine-Blondeau) et Lorraine comprennent qu’elles doivent assainir l’air chargé de non-dits entre elles. Alors que cette dernière emménagera dans une résidence pour personnes âgées et vendra sa demeure, sa fille, elle, partira sur la trace de nouveaux indices expliquant le sort de son frangin, avec qui elle entretenait autrefois une relation fraternelle typique, à mi-chemin entre la connivence protectrice et l’agacement profond.

Devenue professeure de français au secondaire, Élise porte le poids du passé dans sa propre vie. C’est son amie Mylène (Isabelle Guérard) qui résume le mieux sa réalité : « Prendre les gars pour des kleenex, éviter de penser au futur, te méfier de tout le monde mais obéir aveuglément à ta mère dysfonctionnelle ». Un constat qui poussera notre tourmentée héroïne à entamer sa quête, laquelle débutera au conventum de la polyvalente des études secondaires de son défunt frère, où elle renouera avec Berge (Arnaud Vachon/Maxime Allard), ex-complice des 400 coups de Simon dans sa jeunesse, et Philippe Drolet (méconnaissable Benoît McGinnis, vieilli avec des cheveux gris, une transformation nécessitant trois heures de travail, métamorphose également subie par Anie Pascale pour illustrer le saut dans les années), un ancien professeur de pastorale devenu évêque qui avait accompagné le gamin dans des activités scolaires.

Élise repartira de la fête avec Hugo (Thomas Beaudoin, qu’on a peu revu depuis Hubert & Fanny), mais aussi avec un message intrigant dans son pare-brise : « On a tous joué un rôle dans la mort de Simon, certains plus que d’autres ». De quoi alimenter tous les scénarios… De là, Élise fouillera les vestiges de la chambre de Simon, à la recherche de la moindre piste. Et si certains avaient délibérément fermé les yeux sur les événements? Simon s'est-il vraiment suicidé?

Votre curiosité est piquée? Soyez sans craintes, celle-ci sera assouvie au bout des six heures des Yeux fermés, qui ne connaîtra pas de deuxième saison, a-t-on statué en visionnement de presse, mercredi. Ainsi se bouclera la mythologie familiale tordue des Dénommé, qu’on devine déjà pleine de secrets.

Les yeux fermés est disponible en intégralité sur ICI Tou.tv Extra dès ce jeudi, 26 janvier.