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Télé

Splendeur et Influence : la culture du vide au service du rire

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3.5
Notre critique

Anne Dorval et Philippe-Audrey Larrue-Saint-Jacques forment un duo comique solide donnant le souffle nécessaire à la distribution éclectique.

Habitué à la parodie et à la satire, Marc Brunet nous arrive avec un nouveau projet déjanté, mettant en scène des apprenti-influenceurs en quête de gloire. Splendeur et Influence, un faux docuréalité montrant les coulisses de la téléréalité du même nom, nous fait suivre Drano (Yannick De Martino), Vadge (Pascale De Blois), Chloé (Naïla Louidort), à prononcer comme « chlamydia » si on prononçait le « h » s'il vous plaît, et Cyprien (Mathieu Dufour), tous prétendants au titre de nouvelle star du web. C'est sous la supervision de Brigitte « Bree » Bussières (Anne Dorval) et Zac (Philippe-Audrey Larrue-Saint-Jacques) que les candidats (ou comme leur mentore féminine aime les qualifier, « les personnes qui portent le fardeau quotidien d'être esthétiques ») devront relever plusieurs défis plus farfelus les uns que les autres.

Les fans de Marc Brunet trouveront leur compte dans cette nouvelle proposition, la formule ressemblant aux autres projets de l'auteur : des personnages inspirés des codes de la télé traditionnelle, cette fois saupoudrés de ce qui se fait maintenant en ligne. L'humour acide de l'auteur, autant verbal que physique, transparaît comme dans Le coeur a ses raisons et Like-Moi.

Nous avons pu visionner les deux premiers épisodes, qui débarqueront sur l'Extra de Tou.tv dès le 2 mai, et nous pouvons affirmer que Brunet n'a pas perdu la vivacité de sa plume avec des répliques courtes et punchées : « Des fois je me maquille pis je pense à la guerre. » Chaque influenceur de la série présente un pan de ce que nous pouvons trouver sur les réseaux sociaux, en montrant que finalement, tout se ressemble et se vaut dans cette quête infinie de clics, de visionnements et de réactions : la personne qui fait du sport, celle qui chante, celle qui se maquille, celle qui prend des photos d'elle en riant en buvant du café. Nous parions déjà que quelques-unes des répliques entreront dans l'imaginaire collectif. Ainsi, tel le Jonathan national de Like-moi, les Chloé de cette province se feront sans doute appeler « Shloé » pour un temps.

Sur le fond, plusieurs sujets d'actualité sont abordés plus ou moins inégalement, notamment le politiquement correct, quand une jeune femme visiblement ébranlée aux auditions demande à Pascale et Zac de changer le terme « montgolfière » pour un qui serait moins discriminatoire, avant d'être évacuée en ambulance, sous le choc. Oui, bon, c'est une blague un peu surfaite, mais au moins elle passe rapidement. Le segment sur les dick pics et le mouvement Me Too est, lui, beaucoup plus réussi, alors que Pascale se rappelle avec nostalgie l'époque où elle devait aller faire développer les photos de son patron à la pharmacie.

Si les deux premiers épisodes nous ont fait rencontrer les influenceurs en lice et les animateurs individuellement, nous avons hâte de les voir évoluer ensemble. Pascale De Blois s'est glissée à merveille dans son rôle de fille « qui fait du Pilates à côté d'une souffleuse », le fait qu'elle soit elle-même créatrice de contenu professionnelle l'avantageant certainement. Ses intonations et son langage corporel, adaptés pour le personnage, s'accordent bien avec ses répliques. Elle est déjà habituée de faire des vidéos comiques sur ses différents réseaux, mais c'est agréable de la découvrir dans une production à plus grand déploiement. Yannick De Martino et Naïla Louidort sont aussi très divertissants. Matt Duff se fait plus discret, alors qu'il semble moins à l'aise que les autres dans son rôle de mauvais chanteur connu pour s'être fait lancer un grille-pain sur la tête pendant une prestation. Il trouvera sans doute ultérieurement sa place dans cette distribution largement habituée aux rôles de fiction.

Le duo que forment Anne Dorval et Philippe-Audrey Larrue-Saint-Jacques apporte le dynamisme, le souffle et la cohésion nécessaires au groupe éclectique d'acteurs. La chimie passe bien entre les deux, créant un noyau comique solide qui fait que les quelques faiblesses paraissent moins et ne dérangent pas trop. La suite s'annonce prometteuse, alors que nous verrons jusqu'où les candidats seront prêts à aller pour atteindre le statut de célébrité, le tout arrosé de vin de dépanneur au goût douteux.

Les deux premiers épisodes de Splendeur et Influence seront disponibles sur l'Extra de Tou.tv dès le 2 mai, et les autres seront mis en ligne à raison d'un par semaine.